La Pologne souhaite se retirer du traité européen sur les violences faites aux femmes

Le vendredi 24 juillet 2020, le gouvernement polonais a indiqué vouloir se retirer de la Convention d’Istanbul. Ce traité a pour objet de protéger les femmes de toute forme d’agression et de sévices, allant de la violence psychologique à la violence physique et sexuelle. Caractérisant les violences faites aux femmes comme une violation des droits de l’Homme et une forme de discrimination, ce texte est un instrument juridiquement contraignant pour les États-membres l’ayant ratifié. La Pologne avait signé cette convention en 2012 avant de la ratifier trois années plus tard. Elle est donc devenue obligatoire sur son territoire. L’arrivée au pouvoir en 2015 d’un gouvernement ultra-conservateur, réélu en juillet 2020 (lien vers article Manon), semble néanmoins changer la donne. Le gouvernement considère désormais que la loi polonaise offrait déjà une protection suffisante aux femmes et que la Convention d’Istanbul participe à des changements moraux et culturels contraires aux valeurs de la société polonaise. 

Un État est tout à fait en droit d’user de sa souveraineté pour se retirer d’un traité international (le Brexit nous l’a bien montré…). C’est au niveau politique et social que la décision de la Pologne interpelle : la sortie de ce traité constituerait un important recul pour le droit des femmes en Pologne. Après l’annonce du gouvernement, des milliers de femmes ont manifesté en Pologne, inquiètes pour leurs droits. De nombreux députés européens se sont également dits préoccupés par le respect des droits des femmes en Pologne et dubitatifs sur les conditions de protection des minorités dans le pays.

D’autres États européens ont choisi de ne pas ratifié cette Convention (Slovaquie, Lituanie notamment) et elle suscite aussi une controverse en Hongrie. Certains en appellent alors à la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, pour ratifier cette convention au niveau européen afin de faire obstacle aux réticences étatiques. 

Claire François